En 1996, Sean Connery décide
de produire, avec sa société Fountainbridge Films, Entrapment,
d'après un scénario de Ron Bass (Rain
Man). L'histoire tourne autour d'un cambriolage qui doit se dérouler
la nuit de la rétrocession de Hong Kong à la Chine. Pour cela,
le film doit sortir avant l'événement mais la mise en place est
plus longue que prévu (le problème sera le même pour le
James Bond, Demain ne meurt jamais) et l'idée est
abandonnée au profit du passage à l'an 2000 et du bug informatique.
Antoine Fuqua, qui vient de réaliser Un
tueur pour cible avec Chow Yun-Fat, est engagé ;
il a alors en tête de faire un spectaculaire film d'action et collabore
de près avec le cascadeur Vic Armstrong. "Je me suis très
bien entendu avec lui, explique ce dernier, et nous avons imaginé d'énormes
scènes d'action comme une poursuite en hélicoptères à
travers Hong Kong. Mais le scénario a commencé à évoluer
et à se transformer en film de casse romantique plutôt qu'en blockbuster
d'action."
En effet, Sean Connery tient à
privilégier l'élément humain. Son personnage, un cambrioleur
hors pair d'origine écossaise, est traqué par l'enquêtrice
d'une compagnie d'assurances, qui finit par lui proposer un coup de huit milliards
de dollars. Une version revue et corrigée de L'Affaire Thomas Crown.
"Dans le scénario initial, raconte l'acteur, nous avions une
intrigue où ils se retrouvaient au lit presque instantanément.
Cela m'a paru autrement moins intéressant que montrer une belle femme
intelligente qui ne se jette pas au lit pour réussir. L'idée était
de changer, de ne pas faire comme dans les films d'aujourd'hui. Mon personnage
fixe les règles strictes de leurs rapports : pas question d'aller
plus loin, c'est ainsi. Par la suite, la lente évolution de leur relation
ambiguë est autrement plus séduisante." Nicole
Kidman est sérieusement envisagée mais le tournage de Eyes
Wide Shut de Stanley Kubrick est loin d'être
terminé. Catherine Zeta-Jones, qui
sort à peine du Masque de Zorro, est alors engagée.
Elle est plus jeune que Sean Connery de 39 ansâ¦
Les relations s'enveniment entre Antoine Fuqua,
d'un côté, et Sean Connery et les producteurs
de l'autre. Vic Armstrong se trouve entre les deux, chaque partie lui demandant
des choses tout à fait différentes. Finalement, Fuqua
quitte le navire en mars 1998, peu de temps avant le début du tournage,
expliquant qu'il avait signé pour un autre film. Le britannique Jon
Amiel (Sommersby, Copycat) le remplace au pied
levé et Haute Voltige peut débuter, au printemps 1998.
Le film n'est tout de même pas dépourvu de scènes
d'action et Vic Armstrong se souvient des tours jumelles Petronas de Kuala-Lumpur,
qu'il avait voulu utiliser pour le repaire du méchant dans Demain
ne meurt jamais. Il avait alors essuyé un refus de la société
gérante, peu désireuse d'être associée à l'ennemi
de 007. La situation est cette fois différente et le tournage y est possible.
"Mais nous avons découvert que nous ne pouvions pas filmer les
Petronas, car nous ne pouvions pas les éclairer de nuit. Elles sont hautes
de plus de 450 mètres, rien au monde ne peut les illuminer. Il a donc
fallu reconstituer un segment d'une quarantaine de mètres sur le plateau
007 aux studios Pinewood." À New York, Armstrong se charge de
la scène d'ouverture où Catherine
Zeta-Jones, masquée, saute du haut d'un immeuble, accrochée
à un filin. Elle est doublée par le cascadeur Mark Mottram, qui
effectue un saut de douze mètres sur un coussin d'air, alors que tout
Park Avenue a été fermée pour l'occasion.
En mai 1999, Haute Voltige est présenté hors-compétition
au Festival de Cannes, où Sean Connery est
accueilli avec triomphe, comme à la grande époque de la Bondmaniaâ¦
Philippe Lombard