En mai 1978, Gérard Oury tourne une scène importante de La Carapate à la prison de Fresnes : l'avocat Pierre Richard vient y rencontrer son client, condamné à mort (Victor Lanoux), et se fait accompagner par Christian Bouillette (le gardien-chef) jusqu'à sa cellule. L'équipe a comme public les gardiens et les détenus qui se rendent au parloir.
«Nous avons monté un travelling long, compliqué, avec plusieurs places d'arrêt et pour les comédiens une tartine de texte à débiter, se souvient Gérard Oury. La caméra précède Pierre Richard et Christian Bouillette. Et là , soudain, plus rien ne fonctionne : le chariot-travelling déraille, la caméra déconne, le point est flou et comme toujours dans ces cas-là , énervés, les comédiens se mettent à leur tour à bafouiller. Nous appelons cela le plan maudit. Il y en a un dans chaque film. Je reprends deux, cinq, dix, quinze fois sous l'Åil lassé de nos spectateurs. à la vingtième prise, enfin ça colle et je demande à ma scripte de tirer la dernière. Dans le hall de la prison, tout se remet en branle. C'est alors que regagnant sa cellule, un détenu qui a assisté au tournage, s'arrête près de Pierre Richard, lui tape sur l'épaule : âEh ben, mon vieux, je préfère être à ma place qu'à la tienne !'».
Philippe Lombard