Réalisateurs de polars italiens violents (Milan Calibre 9,
Le Boss, Salut les pourris), Fernando
Di Leo cultive une très grande admiration pour les films de Jean-Pierre
Melville. À tel point qu'en 1972, par l'intermédiaire du
comédien Raymond Pellegrin, il propose
à l'auteur du Samouraï d'écrire un scénario
avec lui. Di Leoétablit les grandes lignes
des Derniers Professionnels :
"Cette histoire devait raconter la fin de parcours d'un flic et d'un
gangster. J'ai imaginé ces deux hommes : pendant des années,
l'un a poursuivi l'autre et une certaine estime les relie. Au moment où
l'histoire démarre, ils ont déjà un certain âge.
Le gangster croupit en prison et le flic s'apprête à quitter la
police et à prendre sa retraite. Le monde a changé. Le flic se
retrouve dans un pavillon de banlieue à s'occuper de ses roses et promener
son chien, pendant que le gangster moisit en taule. Et dans la tête du
policier, les choses évoluent : il a servi la loi pendant des années
et refuse cette fin misérable. Il calcule un gros coup, pour lequel il
doit organiser l'évasion du gangster."
Après avoir lu le synopsis, Melville
accepte de travailler avec Fernando Di Leo. Le
producteur Armando Novalli commence à mettre en place financièrement
le projet et suggère que Lino Ventura interprète
le policier, et Anthony Quinn le gangster. Melville
apporte des modifications : "(son) idée était au
fur et à mesure de permuter la personnalité du flic et du gangster,
d'entraîner ces deux personnages vers le contraire de leurs aspirations."
Mais fin 1972, Melville tombe très
gravement malade et meurt l'année suivante.
Philippe Lombard